Désenchantement .

P1290831Beaucoup me demandent comment se passe mon travail ?? J’ai quelques réticences à répondre … Pendant longtemps , je voulais me faire une opinion éclairée et prendre le temps de comprendre pour être « juste » . Je pense qu’il y a toujours du bon en toute chose et c’est souvent cela que j’aime conter … Malheureusement , je ne serais pas honnête si je n’écrivais que le positif ! C’est dur à dire mais oui, je suis profondément déçue ! Je venais au Canada avec le tableau embelli de l’infirmière qui a de l’autonomie et un rôle élargi de ses fonctions. L’infirmière a effectivement l’ultime pouvoir d’évaluer. C’est cela qui lui donne le droit de demander à l’infirmière auxiliaire de faire la quasi totalité des soins et de passer le plus clair de son temps derrière des dossiers qui regorgent de formulaires . Le titre peut donc paraître honorifique mais il ne faut pas se voiler la face , ça ressemble davantage à un petit chef sans autorité ! Je suis là pour apprendre davantage et une grande partie de moi lutte contre ce système . Je clame que c’est auprès du patient que nous avons tout à apprendre et je les amuse beaucoup ! Il faut bien avouer que j’use de diplomatie et d’humour pour essayer de faire passer des messages ! Je ne suis pas là pour leur dire ce qui est mieux ou moins bien mais je sais que je ne pourrai m’épanouir dans cet hôpital . Mon lot est celui de bien d’autres françaises partout dans le Québec… J’attends d’être infirmière canadienne pour pouvoir demander ma démission et prendre une autre orientation. L’obstétrique attendra un peu… Pour le moment, je me dirige vers les communautés d’amérindiens et vers une formation de rôle élargi pour aller nous exiler dans le Grand Nord… Ce sera peut-être aussi un long chemin ? Faudrait-il déjà qu’on me laisse partir ?!! Ceci étant, je travaille avec plein de gens chouettes et nous rions beaucoup. C’est aussi un lieu de socialisation pour moi car je côtoie des personnes qui viennent de partout. J’apprends énormément d’un point de vue culturel, linguistique et autres. Je le vis un peu comme un voyage. Tout le monde passe par l’hôpital. Je découvre la vie de Val d’Or dans ce microcosme et c’est souvent passionnant. Des patients m’enseignent des expressions québecoises ou amérindiennes… Je trouve toujours un petit moment pour cela et ça crée de beaux liens ! Suite au prochain numéro…

One Response

  1. Charlotte
    Charlotte 18 juin 2013 at 16 h 06 min | | Reply

    Je comprends ta déception ! Mais je crois que c’est dans l’air du temps, le maître mot c’est l’évaluation ! Pour les ergos c’est la même chose. Nous devenons des spécialistes du bilan, de l’évaluation. Dans certains secteurs, en gériatrie par exemple, nous faisons l’expertise d’une « situation » et ce sont des AMP (aide médico-psychologique) ou des ASG (assistant en soin gérontologique), moins qualifiés et moins payés, qui mettent en place la rééducation en suivant nos préconisations. Nous sommes de moins en moins auprès des gens. A l’école d’ergo, il y a 10ans, on nous vantait déjà le modèle québécois !
    Je comprends que tu ne t’y retrouves pas, toi qui, même dans un service de soins hyper technique, arrives à mettre le relationnel au premier plan !!
    C’est quoi d’ailleurs cette formation de rôle élargi dont tu parles ?
    Je t’embrasse Sandrine, ainsi que toute la tribu !

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