Maintenant que nous sommes au Yukon, nous ne voulons plus courir. Nous désirons sentir et ressentir ce qui se passe dans cette province… La découvrir jour après jour et apprendre à la connaître car c’est supposé être notre nouveau lieu de villégiature… La carte dépliée dans le bus, nous faisons mille et un itinéraires avec nos doigts. Evidemment, les routes, les boucles que nous ferons diffèreront de nos ambitions. Les distances restent grandes… Mais nous allons continuer à voyager un peu!!! Nous allons un peu à l’est, plus à l’ouest et aussi nous nous enfoncerons davantage dans le nord, au delà du 65° parallèle… L’histoire se dessine d’elle même et nous apprenons tous les jours: c’est excitant!!
En errant ainsi, nous rencontrons des personnes au parcours uniques, aux histoires assez incroyables et je crois que cela me plaît énormément ! A les entendre, je pénètre dans la nature profonde avec eux et j’ouvre de nouvelles perspectives… Certains m’ont fait voyager à Dawson et je me suis dit que nous pourrions aussi faire le choix de vivre là bas, encore plus au Nord, encore plus isolés. Une immersion complète en anglais auprès des peuples amérindiens dans un village de 1200 habitants. Réaliser le vrai sens des mots « solidarité », « entraide ». C’est une question de survie dans un environnement où l’homme est infiniment petit, où l’hiver n’offre pas plus de 4 heures de lumière, où le froid saisit et où les animaux sont plus nombreux et cherchent leur nourriture… « Into the wild », une fois dans ma vie, c’est tout simplement attirant. Vivre davantage avec la nature en apprenant à la connaître, à la respecter, à l’aimer… Entre parenthèse,je crois que l’humain s’en est un peu trop éloigné et se perd dans des quêtes vaines trop matérialistes qui favorisent ou contribuent amplement à son mécontentement. J’ouvre le débat !!!
Depuis que nous progressons sur les routes et chemins du Yukon, nous devenons attentifs aux plantes, fruits et champignons que peut nous offrir mère Nature. C’est un appel. Nous sommes loin de tout et comme par instinct, nous recherchons des ressources éventuelles. Le premier et unique livre que nous nous sommes offerts est un pavé sur les plantes comestibles d’ici et leurs vertus. Nous avons croisé le chemin d’Andie près de sources tièdes. Elle nous a initiés avec les fleurs qui nous entouraient… Nous en avons ,dans le bus, quelques unes que nous consommons. Nous cueillons différentes baies pleines de vitamines et nous nous régalons jusqu’à nous noircir les lèvres. Nous venons de cueillir du cinnhorodon après le premier gel de cette nuit. Nous pallions aux carences de l’hiver qui va probablement arriver très vite… Nous ne sommes cependant pas comme l’écureuil qui fait ses réserves ?! Cela est peut-être un signe pour nous dire que nous ne sommes pas prêts à vivre un hiver de manière trop isolée ? Nous ne sommes pas autonomes du tout et dépendre de l’épicerie tout l’hiver n’est pas idéal à cette latitude.
Dawson, la sublimée !!! Nous en avons trop entendu parler, je crois !!! Nous l’avons peut-être même idéalisée avec nos fantasmes ?? La ville est belle avec toutes ses maisons en bois. L’histoire de la ruée vers l’or est très vivante et tout est joliment restauré… Mais c’est aussi beaucoup de gens alternatifs. Les premiers que nous avons entendu rentraient tous finalement dans un même moule malgré leurs croyances d’être différents ???!!! C’est malheureusement assez courant et un peu trop exacerbé à mon goût ! Dawson ne sera donc pas notre nouveau lieu de résidence même si cela nous est passé par la tête… Nous suivons nos ressentis !
Nous sommes cependant restés une semaine dans le coin pour rencontrer les locaux et découvrir les réalités de ce nord. Nous y avons croisé du beau monde, des bouilles incroyables. Nous avons passé un peu de temps avec toutes sortes d’artistes et une certaine liberté se dégage de quelques uns… Un choix de vie qui peut mener à trouver que le danger est de venir à la ville l’hiver. Cette évidence est assez extraordinaire ! Elizabeth est une merveilleuse personne que j’ai rencontré et qui m’a contée son quotidien. Elle vit avec son partenaire dans une cabane sans eau, sans électricité de l’autre côté de la rivière. Durant 2 mois de l’année, elle ne peut atteindre la ville car la rivière n’est pas encore gelée ou pas totalement dégelée… C’est l’isolement extrême. Et, quand l’hiver, elle veut se rendre à Dawson, cela lui prend environ 12 heures dont la majorité dans l’obscurité et cela devient une expédition, loin du confort rassurant de sa cabane !! il fait nuit durant 20 heures et les 4 autres heures ont la luminosité d’un lever ou coucher de soleil ???!!! C’est assez fascinant. Elle aime cette vie mais n’est pas asociale pour autant. Elle vit en harmonie avec la nature, développe les muscles de son corps pour abattre le bois, tuer l’ours si nécessaire et reste profondément féminine !!! Elle attire le regard de plus d’un homme !!! Une femme médecin a abandonné son métier pour passer plus de temps avec ses enfants… Elle fait aujourd’hui’hui du cinéma avec ses filles !? Voilà, ici, on a l’impression que tout est possible. Chacun est libre de changer le cours de sa vie sans trop de jugements !!! Il y a beaucoup de vies aux destins atypiques. Un trappeur nous contait que les gens faisaient leur argent durant 100 jours pour vivre l’année longue… Et, nous avons abouti à un festival de hippies. Nous avons reçu une invitation sur la porte de notre bus. Musiques, créations libres, méchouis avec légumes biologiques des jardins locaux dans une ambiance chaleureuse, conviviale. Peace and love autour d’un grand feu !!! Le lendemain était tout aussi sympathique. Nous avons tous mis les mains à la pâte pour ranger, nettoyer avant de partager un bon repas chez nos hôtes. C’était plaisant, détendu et plein de chaleur humaine. La maison: un petit paradis !! Elle date de 1901 durant la ruée vers l’or et elle a été restaurée avec beaucoup de goût… Je m’y sentais vraiment bien !!! Du bois partout, des plantes, l’odeur du café que nous avons moulu manuellement (pas d’électricité ni eau courante), du partage… Tout semble se faire si naturellement ?!! Bienvenue au Yukon… Nous y avons retrouvé une connaissance, et quelques personnes que j’ai croisé régulièrement mais aussi de nouvelles rencontres et de nouveaux contacts…
C’est assez incroyable comment notre errance se déroule ici. Nos enfants trouvent leurs marques dans ce nouveau cadre… Ils se font eux aussi des amis… Rien n’est programmé à l’avance mais il se passe toujours quelque chose… Peut-être sommes-nous adaptés à ce petit coin du monde ?