Quand je parlais de décroissance économique dans le dernier article, je ne croyais pas si bien dire!!! J’ai eu la surprise la plus inattendue qui soit: je ne peux exercer mon métier d’infirmière ici… Explications et détails ne valent pas la peine. En résumé, je suis au milieu d’une guéguerre politique entre le Canada et le Québec… Ce fut un CHOC! Je l’ai pris en pleine face mais je n’ai pas vraiment mis de temps à réaliser l’impact de cette nouvelle. Quelques rêves partaient en fumée… Je me suis tout de suite interrogée sur notre devenir. Qu’allions-nous faire dans le futur proche? Rentrer en France? Retourner au Québec? Ou trouver des plans B????

Sur le chemin de la ville à la cabane, beaucoup d’images défilaient dans ma tête. En arrivant chez nous, j’expose notre nouvelle situation à Sylvain qui ne pouvait y croire. Il ne voulait pas abandonner si vite… Mais moi, je ne veux pas me battre pour cela… Le soir, nous informons nos enfants sur les réalités du jour et nous les laissons donner leurs avis sur les différents choix possibles. Pour la première fois, un retour en France imminent était envisageable… et pourtant, aucun de nous n’a opté pour cette possibilité maintenant. Les plans B sont devenus comme une évidence!!! Nous avons chacun le désir de faire un petit bout ici pour des motivations différentes… Les enfants se plaisent toujours autant dans leur école et souhaitent faire l’année scolaire entière. Ils le vivent comme une belle expérience et veulent faire des progrès dans l’apprentissage de l’anglais. Sylvain veut vivre un hiver dans le bois, dans notre superbe cabane. Et moi, j’aimerais aussi réaliser quelques rêves ici, sur ces terres sauvages avant de retraverser l’Atlantique.  Je vais donc me « recycler » professionnellement afin de vivre au jour le jour et économiser un peu pour avoir le loisir de rentrer par le chemin des écoliers… Je réalise que notre retour au bercail doit aussi se préparer. Il y aura d’autres réalités!!!

Tout cela est peut-être un appel pour nous dire qu’il est temps de penser au retour… Cette fois, nous n’envisagerons plus les prolongations sur ce continent. Notre escapade sent la fin… C’est ainsi que nous en parlons, que nous nous projetons. Thibault avait demandé un jour d’aller en Australie pour ses 14 ans. Finalement, ce sera probablement en France que nous reposerons nos valises et qu’il soufflera ses 14 bougies… Rendez-vous en novembre 2016 alors???

A part cela, nous nous sentons toujours bien dans notre cabane. Sylvain casse les   15 cm de glace de la rivière avec la hache et le sourire pour continuer à prendre l’eau dont nous avons besoin. Le trou se referme vite … Nous apprécions d’avoir de l’eau potable si près de chez nous. Nous jubilons de vivre des nuits d’une belle obscurité. Il n’y a pas un lampadaire, pas une lumière extérieure. Nous avons pris conscience que c’est la première fois que nous vivons cela. Les ciels sont magnifiquement étoilés… Nous prenons plaisir à sortir la nuit… Nous avons vu quelques aurores boréales danser timidement avec des robes aux nuances vertes. Nous découvrons que les pleines lunes éclairent tant la nuit que c’est au petit matin que l’obscurité revient… Cela en est même perturbant! Nous avons assisté à l’installation de l’hiver, à la transformation de l’eau en glace. Durant nos promenades, nous aimions aller près des rivières pour entendre les bruits des mouvements de l’eau, les sons des formations de glace et cristaux. Et, maintenant, c’est l’heure du ski de fond… J’ai vu quelques caribous et de temps en temps « notre renard » noir.

Socialement, nous sommes bien entourés. Quelques belles personnes nous accompagnent durant cette étape de recherche d’emplois, d’autres nous soutiennent. Nous avons rencontré des joyeux lurons!! Ce sont avec tous ceux là que nous festoyons aussi… Apparemment, nous véhiculons une belle énergie et nous en recevons autant… Ca fait chaud au coeur! Et puis, comme dit Emma : ce qui nous arrive n’est pas si grave, nous allons trouver des solutions… Elle est bien motivée pour refaire un petit bout de road trip à bord du vagabond boréal avant de retrouver SA maison à St Mathieu de Tréviers. Avec tout cet optimiste et cette simplicité de vie, nous vivons cette nouvelle « aventure » avec une petite amertume mais sans trop de stress! Je suis émue que nous soyons en phase tous les 4. Les enfants nous ont impressionnés dans leurs réactions… une belle liberté se dégage de leurs choix… Ils ne font pas que nous suivre! Ils ont aussi des ambitions, des envies… Notre vie qui peut paraître farfelue ne leur déplait pas finalement… Peut-être que les pommes ne sont pas tombées si loin du pommier??