Journal de bord

Un journal de bord sur 10 jours.

Le 10 juillet à 12h15, nous voyons une grosse masse au loin sur la route. J’espère, je pense très fort a un ours. Je bouscule Sylvain pour que l’on se rapproche et là, il n’y a plus de doute : c’est un grizzly avec sa bosse reconnaissable. WOW, c’est l’excitation!!! Nous jubilons, nos coeurs battent la chamade… Nous nous questionnons sur le fait de se rapprocher encore sans le déranger. Le respectons nous si nous sortons du véhicule vers lui??? Le désir est fort et l’ours ne semble pas vraiment se préoccuper de nous… Thibault et moi sortons avec appareil photo et caméra. Thibault est sorti en hâte avec une chaussure à un pied et une chaussette à l’autre : pas de temps à perdre, le grizzly ne va tout de même pas nous attendre!!!! Nous voyons son poil brun mouillé. Nous observons sa démarche nonchalante et parfois, nous avons la chance de contempler sa tête… Plutôt sympathique, il a pris son temps avant de s’enfoncer dans la forêt et il a fait notre bonheur pour la journée.
Ours
Le 11 juillet, nous rencontrons un couple de cyclistes. Ils ont commencé leur périple à Anchorage (Alaska) et ils souhaitent aller jusqu’à Ushuaïa. Ils ont un budget de 9 $ par jour chacun mais n’arrivent pas à le respecter. Ils se sont abrités de l’orage dans notre bus et nous avons conté un tas d’anecdotes. C’était une belle rencontre de voyageurs pleine d’échanges et de partages. Nous avons beaucoup ri… C’était simple et naturel! Bel après-midi : un arrêt dans le temps!IMG_0762

Le 12 juillet, nous faisons des courses mollement. Sur le parking, un homme du pays nous aborde car lui et son fils aiment notre bus. Nous taillons la bavette et il sort une carte routière pour nous montrer ses coins favoris… C’était une rencontre agréable et pleine de gentillesse. Nous suivons ses conseils et nous nous arrêtons à un lac qui ressemble à une plage : tous à l’eau!!!IMG_0806

Le 13 juillet, nous découvrons le peuple Wet’suwet’en en nous arrêtant fortuitement sur la route. Un rapide nous a attirés et nous avons assisté à un véritable spectacle! Un homme encordé plongeait une longue perche dans le courant torrentiel. Presque à chaque plongeon, il remontait un saumon dans sa large épuisette. Un autre homme les pesait et plusieurs étaient de 20 livres!!! Les petits étaient remis à l’eau. Deux femmes comptabilisaient les prises. A cette période de l’année, les saumons remontent le courant pour frayer. Les poissons et le pêcheur étaient tous 2 dotés d’une belle force pour lutter contre le courant. L’un se cabre, saute, s’élance devant nos yeux pendant que l’autre garde un beau maintien de son corps, dégage une aisance, une maîtrise. L’homme semblait possédait tout du mythe du bel amérindien. Une puissance naturelle émanait de son corps, sans faiblir; une connaissance de la nature et de l’environnement était évidente et un sourire charmeur jaillissait de son visage quand la prise était de taille… Le résultat de cette pêche estivale est distribué au sein de la communauté. Ils n’en vendent pas. Les aînés sont les plus choyés! Tout ce poisson était traditionnellement fumé. Aujourd’hui, il est fumé, mis en conserve et congelé. A la fin de l’été, un grand barbecue est offert à tous ceux qui veulent festoyer. Nous sommes invités mais où serons-nous à cette période???
Nous continuons à rencontrer différents peuples amérindiens et nous visitons un musée magnifique… C’est toute une initiation chez les K’SAN.IMG_0872

Le 14 juillet, voilà 2 jours que nous respirons le cèdre dans les totems, les masques, les maisons. Partout, il nous séduit. A force de demander s’il y a une œuvre de sculpture en cours dans les environs, nous terminons la journée chez un sculpteur qui a le grand projet de faire un totem collectif pour rendre hommage à une artiste!!! Rencontre assez étonnante. A tour de rôle, nous nous retrouvons tous les 4 à participer modestement à cette œuvre : nous avons un ciseau à bois et une masse et nous découvrons… Emma est la maître dans le domaine a prononcé JOE. Ses copeaux sont réguliers et se détachent d’eux même en une forme incurvée : BRAVO !!! C’était vraiment super ! L’essence du cèdre est tellement agréable que nous respirons à plein poumons. Le toucher est doux. Le bruit change selon la manière de pénétrer en lui… L’artiste nous a sensibilisés à respecter le bois et à le ressentir…P1370141

Le 15 juillet, c’est une journée dense en découvertes. Nous empruntons la vallée de la Nass où nous roulons dans un décor surnaturel crée par une coulée de lave jeune de 250 ans environ. Nous y rencontrons le peuple Nisga’a qui a évolué assez loin des colons. Ils ont conservé leurs traditions, épargnés de part leur situation géographique. Ils sont répartis dans 4 communautés dont les noms ont une similitude avec le chinois : étonnant ?!! Ils sont dépendants des produits de la rivière et de l’océan Pacifique. Ils vivent en harmonie avec l’élément. La pêche est importante mais cette fois, elle se fait à l’aide de grandes roues ou de bateaux. Quand nous atteignons Gingolx, nous nous sentons au bout du monde. C’est un fjord qui coule dans le Pacifique, ça sent la marée. Des pygargues volent au dessus de nous. Nous n’en n’avons jamais vu autant dans un même endroit !!! Ils sont des dizaines et des dizaines immatures ou adultes : beau spectacle que leur vol, leur pêche, leur chamaillerie !!! Et puis, nous avons mangé du halibut(flétan). C’est un poisson plat qui atteint la taille d’un homme voire plus… C’est Bonnie qui nous l’a cuisiné avec passion. Agé d’une bonne soixantaine, il tient un resto et offre les produits de ses pêches ! Cet amérindien a vécu. Il a fait ses choix… Il a eu ses heures de gloire en participant à des concours de canot. Maintenant, il organise des voyages culturel de plusieurs semaines ou d’un mois avec les gens de sa communauté. Ils partent à 250 personnes et perpétuent des traditions toutes générations confondues. Il emprunte la voie de la sagesse, joue du tambour, chante et porte son régalia (vêtement traditionnel) durant les cérémonies… Il conserve ses yeux brillants de malice et son beau sourire! Il m’invite à m’installer en tant qu’infirmière. Lui et moi savons que ce n’est pas d’actualité!!!IMG_1492

Le 16 juillet, nous trouvons les sources chaudes perdues dans la nature. Nous sommes seuls avec les moustiques et probablement des ours pas très loin mais ils nous feront pas l’honneur de leur visite! Nous en profitons. C’est relaxant, un vrai bain au milieu des arbres. C’est luxuriant, paisible. C’est ici que nous ferons notre toilette et notre shampooing. C’est plus confortable que la minuscule douche de la laverie d’il y a 2 jours. Ces temps ci, nous ne trouvons pas toujours de l’eau à mettre dans notre réserve pour se doucher directement au bus. Nous faisons plus facilement des plongeons dans les lacs, des baignades rapides dans des rivières fraîches… Ainsi se fait notre hygiène!
Nous passons le reste de la journée au milieu des villages Nisga’a. IMG_1921

Le 17 juillet, nous roulons en direction des glaciers. C’est à nouveau un détour vers un autre bout du monde… nous aimons cela ! La route est sauvage. Partout nous avons des mises en garde face aux ours. Je rêve de les voir, je suis aux aguets. J’observe de tous les côtés… mais rien !!! C’est devenu une obsession et je suis triste de ne pas les croiser. Les cascades sont de plus en plus fréquentes et nous apercevons de petits glaciers en haut des montagnes. Le relief est magnifique et soudain, le glacier de l’ours apparaît. Il est spectaculaire. Il tombe directement dans la rivière et offre un immense trou. Des nuances de bleu se dévoilent… Il est invitant mais nous ne voyons pas de chemin. Nous le contemplons, nous le scrutons avec les jumelles. C’est incroyablement beau! Il nous a saisi et nous a certainement poussé jusqu’à celui du saumon plus rapidement que l’on pensait… Nous nous retrouvons en Alaska pour une quinzaine de kms avant de le voir apparaître. C’est la fascination, l’extase face à tant de beauté. Je veux m’arrêter en permanence sur la route. Le pauvre chauffeur peste, fait semblant de ne pas m’entendre pour gagner un peu de terrain mais concède à une demande sur 2! Arrivés au sommet , nous sommes dans la mélasse. Tout a disparu! Un homme , nommé monsieur Ours, passe son été là haut et nous suggère de descendre de 2 kms pour le voir de nouveau… Euréka, nous nous retrouvons sous les nuages. Sylvain arrête le moteur à l’écart de la route, au bout d’un chemin de graviers et sortons du bus pour nous rapprocher de cet immense glacier. C’est encore plus spectaculaire! C’est rare de s’extasier toujours plus dans l’échelle des émotions. Mais là, nous restons sans mot. Nous sommes subjugués. C’est IMMENSE, plusieurs glaciers se rejoignent. C’est comme des routes de glaces. De belles nuances de bleues se détachent du blanc, du marron et du noir… Bivouac idyllique.IMG_2117

Le 18 juillet, nous passons la moitié de la journée dans un brouillard si épais que nous ne voyons pas ce qui nous entoure. C’est un temps pour boire un thé chaud, écrire, jouer, lire… Et puis, à 16h, tout s’éclaircit comme par magie. Le ciel bleu apparaît, les montagnes nous entourent à 360° et les glaciers nous invitent. C’est parti, cette fois, nous allons au pied de sa majesté. Nous le touchons. Nous entendons l’eau qui goutte des blocs de glace, le son de masses qui se détachent. Nous ressentons une certaine fraîcheur. Nous crapahutons des rochers et une autre vue s’offre à nous : c’est le monde des crevasses, du bleu ciel ou profond, des étendues de la base à l’arrivée et d’un horizon que nous ne percevons pas… Je crois que nous avons passé des heures dans cet univers unique et fascinant. Nous avons contemplé, parlé tous les 4. Le moment était propice aux confidences… Inoubliable !!!
En remontant, nous avions terriblement chaud et quand je suis arrivée face à un petit lac à l’eau transparente, je savais que je prendrai un bain avec une des plus jolie vues du monde !!! C’était paradisiaque !IMG_2320

Le 19 juillet, nous sommes toujours à la même place que le 17. Le bus n’a pas bougé. C’est cela l’imprévu du voyage. C’est plaisant d’être libre… Ce matin, nous nous levons à l’aube pour vivre les premières heures du soleil sur le glacier. Les sommets enneigés apparaissent les uns après les autres : c’est beau ! Une maman caille passe devant nous avec sa marmaille… Les mousses et les fleurs de la vallée s’éclaircissent et les nuages arrivent de plus en plus nombreux. Ils voilent le paysage et offre un nouveau tableau à ce décor qui commence à être familier… Les glaciers seront dans l’ombre avant de resplendir sous la lumière… Avec Sylvain, nous retournerons passer quelques heures au pied du glacier du saumon. C’est exceptionnel et nous voulons le sentit encore une fois. Nous nous évoquons les autres glaciers qui nous ont autant fascinés au Pakistan ou au Népal… Nous terminons par une séance photos !!! Au moment du départ, nous sommes chargés d’une belle énergie et nous faisons un arrêt au sommet avec une nouvelle vue, plus aérienne. Nous sommes au milieu de touristes et nous nous sentons très ouverts. Nous rions avec un jeune couple de bulgares… et nous saluons monsieur Ours!IMG_2773

Le 20, il pleut et nous roulons. Nous sommes en direction du Yukon… Nous approchons de notre destination. Nous avons à la fois hâte et en même temps, nous voulons profiter de ce qu’il y a sur notre route. Il y a quelques temps, les enfants ne voulaient plus aller au Yukon. Moi, je n’avais plus assez d’énergie pour porter tout le monde et j’envisageais parfaitement de passer juste quelques mois pour avoir un aperçu. Je n’étais pas prête à m’investir à nouveau, à m’engager pour tout quitter un an plus tard. C’est éprouvant émotionnellement… Et puis, le temps, les kms parcouru, les discussions , les heureuses rencontres de personnes qui ont vécu à Whitehorse ou qui y sont allées nous ont fait évoluer !!! Emma verbalise son désir d’aller à Whitehorse et d’essayer cette expérience. Thibault craint que nous nous y plaisions tous et que cela retarde encore notre retour en France. Sylvain n’a pas changé
de point de vue et je me sens prête à vivre une nouvelle aventure… L’avenir nous appartient. Tout est possible. C’est l’inconnu… Si quelqu’un me tend la main ou m’accueille, je sens que je pourrai de nouveau Donner… Mais j’avoue avoir besoin d’un peu de chaleur ou de facilité pour m’ouvrir totalement ! Voilà ce qu’il en est le 20 juillet 2015 à 800 kms de Whitehorse.P1370166

2 Responses

  1. Estelle
    Estelle 25 juillet 2015 at 5 h 37 min | | Reply

    Coucou les voyageurs!! 🙂

    Que de belles rencontres, je suis émerveillée à chaque récit de votre périple!

    Ici nous sommes au camp d’été à Guissény pour les retrouvailles bretonnes estivales avec Tata Grenouille et Tonton Poilu : au programme marchés locaux, gâteau breton (à la framboise), parties de molky, pêche à pieds, apéro avec tartinade de berniques, visites d’expositions les jours de pluie, rigolades…

    Plein de grosses bises à vous 4,
    passez un bel été!

    Estelle

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