Bivouac d’hiver.

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Bivouac d’hiver… Pour Sylvain, c’était comme un rêve! Moi, je voulais bien l’accompagner et partager cette aventure… Aux croisées des chemins, nous avons rencontré une autre famille de français motivée par le même parcours que nous… Alors , c’est devenu une expédition entre 2 familles. Si, si , le mot est approprié. Certains amis nous avaient déconseillés de faire cet itinéraire l’hiver mais nous sommes un tantinet têtus… Nous sommes donc partis confiants avec notre méconnaissance et notre ignorance. La motivation était au dessus de tout et l’esprit de groupe nous portait… Le magnifique ciel bleu profond et le soleil naissant nous donnaient des ailes. Nous nous félicitions d’avoir choisi cette fin de semaine. Tout nous souriait…

Sylvain et moi qui avons toujours une propension vers « le naturel » étions fiers d’avoir de magnifiques raquettes en babiche ( ligaments d’orignaux), en bois et en cuir. Nous avions l’impression de perpétuer la tradition des pionniers, des amérindiens. Vraiment, ça a de l’allure !!! Pour cette randonnée hivernale, nous désirions aussi tous du relief… C’est sûrement là où résidait notre première « erreur »!!! Nous n’avions aucune prise dans les montées et les descentes avec des raquettes en babiche… Nous avons accueilli ce fait avec beaucoup de sérénité jusqu’au moment où nous avons commencé à manquer de jus !! Sylvain ne pouvait plus tirer le traîneau et moi j’étais inefficace à le pousser à 4 pattes dans la neige… sans parler du nombre de fois où l’on a déchaussé dans une poudreuse non tapée durant le long hiver! Les devers ont été fatals et ont empiété sur notre moral! Ah oui, vraiment, nous avons fait de belles galipettes et poussé quelques jurons…Nos amis, mieux équipés et mieux expérimentés ont donné beaucoup d’eux même pour nous aider…

L’ aventure a continué ! Optimistes , nous étions convaincus que nos duvets nouvellement acquis seraient à la hauteur de leur prétention:-30°. La nuit promettait être à -20°donc nous n’avions aucune inquiétude. Nous pensions davantage à Thibault et Emma pour qui nous avions pris 2 duvets chacun… En conclusion nous avons tous eu froid à des degrés différents et pendant un temps plus ou moins long mais… Thibault et moi nous sommes réchauffés en nous nichant dans le même duvet mais nous ne pouvions plus bouger d’un iota ! L’extérieur de notre duvet se gelait avec notre condensation… le but est donc de fermer totalement le duvet et de ne laisser sorti que le nez pour éviter de mouiller l’intérieur… mais entre la théorie et la pratique, il existe souvent un monde?!! d’autant plus que notre nez devient très froid et c’est peu confortable… Dans de telles conditions, on croise les doigts pour ne pas avoir une envie pressante la nuit parce que là, ce n’est franchement plus drôle! Au petit matin, nous avons compris que le froid ne gelait pas que nos os mais notre victuaille, le pas de vis de nos gourdes, les fermetures éclairs… Non, non, du pur bonheur de jouer les « coureurs des bois »!!! Le pire était peut-être à venir mais à ce moment là, nous ne jouions pas trop à classer nos émotions selon une échelle de valeurs croissantes… Quand le jour s’est manifesté, nous savions que nous pouvions nous lever et pourtant, nous n’avons pas sauté de nos duvets avec joie. D’abord, il fait plus chaud dedans que dehors… Ensuite, cela signifie qu’il faut enfiler des bottes congelées aux formes étranges. Dans les films sur les inuits, nous avions vu qu’ils mâchaient leurs mocassins pour assouplir le cuir… Etions nous réduits à le faire aussi : torture !!! Les gants aussi étaient raides et gelés et pour les enfants leurs combinaisons aussi… Avec beaucoup de réticence mais sans autre alternative, nous avons pris les gants et les vêtements dans nos duvets avant le Grand Lever pour améliorer notre condition… Les plus courageux c’est à dire les hommes ont pris leur courage pour ramasser, couper du bois et démarrer un feu. C’est de loin la plus belle invention que l’homme a faite! Le feu fut la réponse à plusieurs problèmes… Nous avons pu redonner une forme plus souple aux bottes d’Emma pour qu’elle ait la chance de les enfiler. Nous nous sommes réchauffés, nous avons décongelé notre nourriture, etc… Thibault était content de s’être activé au lever car il n’avait plus froid… Se faire entretenir n’est pas nécessairement la meilleure option?!! Au plus j’écris, au plus je ris de nous… et je passe de nombreux détails! Même compacter les duvets a été une épreuve ?!! J’ai du m’y prendre à plusieurs reprises car ils ne rentraient plus dans leurs enveloppes. Ils étaient terriblement froids et mes mains se gelaient trop vite?!! Mais le comble du comble, c’est que nous avons manqué d’EAU ,!!! Nous avions bien fait fondre de la neige pour remplir nos bouteilles mais l’eau a gelé avant que nous ayons eu l’opportunité de la boire complètement… et croyez moi, la neige ne désaltère pas si bien!!! Durant ces 2 jours, nous avons appris beaucoup au niveau de l’organisation. Nous ne pouvions que progresser!! Nous savons à présent qu’il faut conserver notre nourriture dans nos sous vêtements. Renouveler le stock en permanence pour ne pas marcher comme un cow boy (hi, hi, hi!!). Avoir des gourdes à larges goulots et de préférence dans un sac au milieu de duvets pour isoler un peu. Avoir ses collations à potée de mains pour ne pas se refroidir à chercher au fond d’un sac qui possèdent trop de fermetures , etc… Nous sommes donc allés d’un étonnement à un autre avec nos mines innocentes et incrédules… Partis avec des personnes plus expérimentées, nous nous sommes trop laissé porter… à nos dépens!!!

Malgré tout cela, me croirez vous si je vous dis que nous avons aussi eu beaucoup de plaisir. Nous étions dans une belle nature. Nous sommes passés de grands chemins en sentiers tortueux, de crêtes à des lacs de poudrerie, à des falaises de glaces. L’intimité de la forêt a laissé place à l’immensité de certains lacs en passant par des vues panoramiques. Kamak, le huskies de nos copains se fondait dans le décor et était d’une compagnie très plaisante! Nous avons tous ressenti du plaisir à fournir de l’effort dans cet environnement. Nous avons beaucoup ri et notre bivouac était idyllique. Les 3 enfants ont été fantastiques  et se sont construit une cabane avec une tour de guet. Ils ont coupé du bois, attisé le feu pour créer des flammèches extraordinaires…  Pour finir, nous étions tous heureux de partager ce moment un peu spécial, en dehors de tous nos repères… La soirée, sous un ciel bleu nuit étoilé était mémorable. Et le plus fort, c’est que nous pensons à recommencer…

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